Stéphane Sebastiani

Stéphane Sébastiani est membre de la Société des Explorateurs Français. Formé en sciences humaines et en ingénierie environnementale, il a mené de nombreuses expéditions en autonomie dans des régions extrêmes (Groenland, Patagonie, Altaï…). Directeur des activités sociales dans un grand groupe et membre du bureau du festival Lumexplore, il place la rencontre humaine et la transmission intergénérationnelle au cœur de ses aventures.

Manifeste de l’Exploration

Explorer, pour moi, n’a jamais été une simple curiosité géographique. C’est un engagement profond, une immersion dans des territoires extrêmes où chaque souffle, chaque lumière, chaque silence a le goût de l’essentiel. Mes premiers voyages furent un défi personnel : tester mes limites, apprendre à survivre et à évoluer dans des environnements hostiles. Peu à peu, ce défi est devenu un plaisir — presque un besoin vital — de côtoyer cette nature exigeante, qui ne pardonne pas si l’on cesse de l’écouter.

J’ai rencontré le Grand Blanc du Groenland, là où l’horizon se confond avec le ciel et où la glace millénaire se fracture désormais à un rythme inquiétant. Là-bas, j’ai compris que le froid n’est pas qu’une sensation : c’est une mémoire fragile que nous sommes en train de perdre.

En Patagonie, le vent sculpte aussi bien les montagnes que les visages. J’y ai découvert des paysages façonnés par des siècles et des hommes façonnés par le climat, témoins silencieux de la force brute de la Terre.

En Mongolie, j’ai chevauché aux côtés des chasseurs à l’aigle, gardiens d’une tradition transmise depuis des siècles. Leur précision, leur respect de l’animal et du territoire m’ont révélé une sagesse que nos sociétés modernes peinent à entendre.

Au Népal, dans le Mustang et la vallée de Tsum, j’ai suivi des sentiers suspendus entre ciel et montagne. Les populations qui m’y ont accueilli vivent en harmonie avec leur environnement, dans une simplicité lumineuse qui rappelle que cette relation à la nature est une nécessité ancienne.

Partout, j’ai cherché l’origine du monde : non pas un lieu, mais un lien. Un lien profond entre la Terre et ceux qui y vivent depuis toujours. Les peuples autochtones m’ont appris que protéger la nature, ce n’est pas préserver un décor, mais prendre soin de notre maison commune.

Derrière cette beauté brute se cache une urgence : la fonte de l’Arctique, l’effritement des écosystèmes, la biodiversité menacée jusque dans les zones les plus reculées. J’ai aussi eu la chance de rencontrer et d’interviewer Matthieu Ricard, moine tibétain, dont le plaidoyer pour la non-violence envers les animaux est un hymne vibrant à la vie.

Explorer, c’est témoigner. C’est rapporter des images, des mots et des émotions capables de faire comprendre ce que nous perdrions si nous détournions le regard. Ce n’est pas seulement admirer, mais agir, pour que la beauté que j’ai vue demeure accessible aux générations futures.

Mon exploration est une promesse : continuer à marcher, observer et raconter, pour que la beauté du monde devienne une évidence à protéger.