
Horizon de glace et d’ours
Arriver au Spitzberg, c’est comme entrer dans un film de James Bond. Il est une heure du matin, mais tout est illuminé, encerclé par des montagnes enneigées. Ce décor presque irréel plonge au cœur d’un territoire perdu, au bout du monde, dans l’Arctique. Le Spitzberg n’est pas seulement un lieu isolé : c’est une expérience à la fois physique et mentale.
Le raid sous tente est un véritable défi. L’engagement est total : il faut se protéger des ours, rester vigilant en permanence et assurer des tours de garde pour prévenir toute attaque. Mais c’est aussi le moment où la contemplation atteint son apogée. Les couleurs du ciel changent sans cesse, oscillant entre rose, vert et bleu profond, offrant un spectacle naturel à couper le souffle.
Puis vient Barentsburg, enclave russe hors du temps, où l’on a l’impression de remonter à l’époque communiste. Les inscriptions en cyrillique sur les bâtiments, la statue de Lénine toujours dressée, plongent dans une atmosphère étrange, entre passé figé et réalité contemporaine. Ce lieu confère au raid une dimension historique singulière.
Mais le Spitzberg est aussi une terre fragile, extrêmement sensible au réchauffement climatique. C’est là que j’ai rencontré Heïdi Sevestre, glaciologue passionnée et désormais amie, qui m’a montré à quel point cet environnement est menacé. Ce raid n’a pas seulement marqué mon corps par l’effort physique : il a profondément marqué mon existence, en m’ouvrant les yeux sur la beauté et la vulnérabilité de cette région exceptionnelle
Stéphane Sebastiani